Le retournement du marché immobilier
Jusque-là tout va bien. À quelques jours de la fin d’année, les professionnels de l’immobilier se préparent à tirer un premier bilan de 2022. Et il y a deux écoles en matière de bilan : les optimistes et les prudents. Les notaires de France ont été les premiers à dégainer leur enquête nationale sur « l’année immobilière 2022 ». Ce sont les optimistes. Les hommes de loi mettent en avant un nombre de transactions en décélération mais qui dépassera (encore) la barre du million de ventes (1,1 million) ainsi que des prix en hausse de 4 %pour les appartements (+8,2 % pour les maisons). Ils pointent toutefois les signes d’un changement de climat.
Depuis septembre, les prix ne progressent plus que de +0,9 % par trimestre versus +1,2 % jusqu’à présent. Ces données se basent sur des prix actés en étude lors de la signature de la vente devant notaire voilà plusieurs mois en arrière. Les avant-contrats, (sous-seings privés), permettent quant à eux de se projeter sur les prix des prochains mois. « Les projections sur le quatrième trimestre 2022 laissent présager d’une poursuite de la hausse annuelle des prix en Province de +6,9 % » prédisent les notaires.
Mais quand on se projette davantage sur 2023, les chiffres toussent. L’étude ne mentionne qu’1 % de hausse pour les prix à Toulouse l’an prochain. Le Crédit Agricole dans son étude de décembre sur l’immobilier résidentiel anticipe un atterrissage des prix avec une légère hausse de 2 %en 2023. Les ventes dans l’ancien reculeraient, elles, de 9 % en 2023 pour retomber à un million.
Le premier site d’annonces immobilières « Bien Ici » est quant à lui dans la catégorie des prudents. Son président Cyril Janin alerte sur la poussée de l’inflation et des taux d’intérêt, les nouvelles réglementations énergétiques qui font sortir des biens du marché, une redistribution géographique de la demande… qui, au final, aboutissent « à un ralentissement relatif de la transaction après deux années records » dans la dernière étude Stat’ici. Pour Bien Ici, 2022 aura été une année charnière avec une baisse de 6 % de la demande à l’achat et une nette augmentation de l’offre. Concrètement, le marché se calme peu à peu car les candidats à l’achat peinent à financer leur projet auprès de leur banque (lire ci-contre) et souffrent des effets de l’inflation notamment sur l’énergie qui érodent la part à consacrer à leur projet immobilier.